Pixel Perfect : créer, coder, construire
- benjamin. brl
- 17 juil.
- 3 min de lecture
Elle aurait pu parler “tech” comme on parle d’un secteur. Elle en parle comme d’un terrain. Invitée de Pierre-Nicolas Tiffreault dans Pixel Perfect, Céline Dealugère revient sur son parcours, ses intuitions, ses erreurs aussi. Où il est question de GAN, de reconnaissance faciale, de fashion tech et d’obsession du détail. Mais surtout un épisode qui dit autre chose : comment on fabrique une trajectoire, et ce qu’on choisit d’en faire.
De la computer vision à la donnée comme matière première
Tout commence par l’algorithmie. Une fascination pour le pixel, les modèles génératifs, les manières de faire parler les images. Céline code, seule, à New York, une solution de growth hacking avant l’heure. Puis bifurque, se forme à la vision par ordinateur, la reconnaissance faciale, puis découvre la puissance des GANs... et comprend que le futur est là : créer, visualiser, produire sans fabriquer.
Avec Eva Engines, elle développe deux outils : un moteur de reconnaissance faciale appliqué aux mannequins, puis un générateur d’images de mode. L'objectif : visualiser un vêtement à partir d’un simple croquis. Sans gaspiller, sans produire. Mais très vite, un obstacle inattendu : la donnée. Pas de dataset adapté. Alors, elle le crée. À la main. Elle recrute des modélistes, des designers, monte une équipe hybride entre Paris et l’Inde. Et sans le savoir, elle crée déjà la colonne vertébrale de MyDataMachine.
“Je passais mes nuits à inspecter mes datas, pixel par pixel. Même mon associé ne comprenait pas, ce temps passé à inspecter mes images pour entrainer les modèles d'IA.”
MyDataMachine : industrialiser ce que personne ne sait encore produire
MyDataMachine, c’est une entreprise qui conçoit des datasets sur-mesure. Pas simplement de l’annotation. De la stratégie. De la modélisation. De la prise de vue. De la validation qualité. L’objectif est simple : permettre à des clients de toute taille d’entraîner leurs IA sur de bonnes bases propres, équilibrées, actionnables.
Céline insiste : on ne livre pas une “base”. On livre une matière, pensée pour un usage précis. Chaque projet est unique. Certains arrivent avec leurs données. D’autres avec une feuille blanche. Dans les deux cas, MyDataMachine active ses réseaux d'annotateurs, data scientists, développeurs pour construire, pas empiler.
Et surtout, pour garantir ce que l’IA seule ne sait pas faire : le sens, la pertinence, l’utilité.
La tech, oui. Mais au service du réel
Dans l’épisode, on comprend vite que le sujet n’est pas tant la technologie que la manière dont on s’en empare. Céline reste attachée à l’artisanat de la donnée : comprendre les enjeux métier, structurer proprement, itérer avec méthode, ajuster sans tout refaire.
Elle parle aussi du risque de l’automatisation à outrance, des biais des données synthétiques, des attentes parfois déconnectées des clients. Et elle le dit sans fard : “créer de la tech pour la tech, ça ne sert à rien. Il faut que ça serve, vraiment.”
Une vision ouverte, sans frontières
Mode, industrie, sécurité, e-commerce… Céline ne s’enferme dans aucun secteur. MyDataMachine est aujourd’hui active dans plusieurs verticales. Mais la mode reste un fil rouge. Parce qu’elle vient de là, mannequin pendant quatre ans. Et parce qu’elle y voit un terrain d’application particulièrement exigeant, où le visuel est tout sauf accessoire.
Elle évoque les solutions qu’elle voit émerger en Chine, aux États-Unis souvent proches de ce qu’elle avait imaginé dès 2018. Et elle pose la question, sans détour : pourquoi pas en Europe ? Pourquoi pas maintenant ?
Ce que cet épisode donne à voir
C’est une ligne claire. Une exigence. Une autre manière de faire de la tech. En écoutant Céline, on comprend que derrière chaque projet IA qui tient la route, il y a une chaîne invisible une mécanique patiente, itérative, faite de dialogues, d’arbitrages, de choix structurants. Et que cette mécanique, aujourd’hui, elle sait la tenir.
Créer un dataset utile, ce n’est pas empiler des fichiers. C’est construire un socle.Et construire un socle, ce n’est jamais automatique.
Le 15 Juillet 2025
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